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Patagonia Dreamin'

Tout savoir sur la préparation de Patagonia Dreamin' & ainsi que sur les expéditions précédentes

Le compte-rendu

Patagonie, lundi 06/08 - 18h32.

Jorge vient de me déposer au Puente Electrico: j’allume mon GPS-téléphone satellite, et j’active le mode tracking. Le premier sms est envoyé automatiquement pour avertir mes proches et autres suiveurs que je débute mon trajet. Avec Rachel, ma routeuse météo, on met au point les derniers détails sur l’heure d’envoi des bulletins, de manière à ce que je les reçoive le matin avant de me mettre en route.

J’avais hâte de démarrer: j’ai eu toutes les peines du monde à me procurer du carburant pour le réchaud à essence. Ca m’a pris une journée à El Calafate où je n’ai rien trouvé, et une autre à El Chalten où un magasin de montagne a fini par me donner une liste d’équivalents: j’en ai trouvé un dans une quincaillerie. Le quincailler était dubitatif, mais j’ai décidé de faire confiance au magasin de sport. Erreur... . Le "Thinner" (en fait du white spirit) ne marche pas bien dans le réchaud. Trop volatile je crois: dès que le réchaud est au bon régime ça s'éteint, seule de la vapeur quasi transparente sort du gicleur. J'ai mis 1h à faire chauffer l'eau: galère. Même ajuster la pression de la bouteille réservoir n’améliore pas significativement la chauffe.

Outre la recherche de carburant, j’ai passé une partie de la journée à déclarer mon expédition à la gendarmerie (avec test du téléphone satellite) puis à la maison du parc d’El Chalten, voisin de mon trajet. En toute rigueur ce n’était pas indispensable pour le parc, mais au final c’était quand-même plus sécurisant, et j’y ai rencontré Jorge, le chef des gardes du parc. Lorsque ses collaborateurs lui ont expliqué mon projet pendant que je remplissais un formulaire, il m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit: “Es un poco loco ir solo por aca”, ce qui veut dire “c’est un peu fou d’aller là-haut tout seul”. Ca m’a un peu refroidi et je ne sais pas exactement ce que j’ai répondu. Probablement qu’avec un bonne préparation c’était gérable, et que j’avais contacté Rolando Garibotti pour avoir des infos. Ca, plus le fait que j’ai complété tout la liste d’équipement du formulaire, l’a rassuré, et 10mn après, il me donnait le nom de quelqu’un qui pouvait m’emmener au départ de mon périple pour faire les 15km de piste qui m’en séparaient. J’ai dis “Et c’est qui ce Jorge?”. Il m’a dit: “Soy yo - C’est moi !” avec son fort accent argentin. Ses collègues m’ont dit que j’étais “Un hombre de suerte”. Que j’avais la barraca en somme. C’est probablement vrai.

Il y a de la neige mais peu. Suffisamment pour faire glisser la pulka. J’installe ma tente sur le sol friable au bout d’1km car il fait déjà nuit. Heureusement je suis très abrité par les arbres, sinon gare aux coups de vent: l’ancrage de la tente est faible !

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Mardi 07/08

Je repars après avoir de nouveau galéré avec le réchaud dans une journée globalement belle avec peu de vent mais qui a démarré par de la neige. La matinée se fait en style rando tranquille dans les bois puis sur les moraines. Je mangeais mon pain blanc: après midi, une fois au lac, impossible de passer la barre rocheuse qui le longe avec la pulka. Je galère à trouver un itinéraire: je pars à vide en reconnaissance, escalade la barre rocheuse. Je me vois mal passer par-là avec tout le barda, c’est presque du 4.

Finalement je trouve, et fait 2 portages, dont 1 en tirant la pulka quasi-vide avec sac au dos. Le premier sac-à-dos devait faire dans les 30 kg. Consolation: le lac et le paysage environnant sont très beaux. Mais le mode expédition est clairement démarré ! Je suis à la moitié du lac et j’observe le passage qui longe l’autre moitié dans des éboulis puis une barre rocheuse qui relie la montagne à une presqu’île: de loin le passage semble peu évident !

Le réchaud continue à faire des siennes, mais grâce à un petit rajout ça semble mieux: j’ai découpé un morceau du pare-feu pour faire un déflecteur de chaleur sur le tuyau qui injecte le carburant et est exposé à la flamme pour pré-chauffer le carburant. Je continuerai demain mon bricolage. Je me suis enlevé un bout de peau à l'annulaire droit je ne sais comment: rien de grave mais je mets du sang partout. Heureusement en cas de problème on peut faire appel à Dora l’exploratrice, qui m'a sauvé la mise ! Entre les problèmes de réchaud et le portage qui n’était pas prévu aussi tôt je doute un peu. Et l’éolienne n’a pas l’air de charger super bien mes appareils. Ceci dit malgré le bivouac tardif, j'ai 1h d'avance ou presque par rapport à hier car j'avais pris soin d'installer le bivouac au premier passage, et j’ai réussi à avancer de 7km pour 200m de dénivelé. Ca m’a permis d’être installé avant l’averse de fin de journée.

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Mercredi 08/08

J’ai du mal à comprendre les messages de météo: ils arrivent par fragments dans le désordre si le message d’origine est trop long. Nouvelle règle communiquée à Rachel: un message pour chaque jour de prévision.

Etape difficile: la deuxième longueur du bord du lac est un mélange d’éboulis et de chaos, pas évident à passer même en tirant la pulka quasi-vide. La barre rocheuse de la presqu’île se passe pas trop mal malgré quelques tâtonnements. Après le lac il y a aussi du relief, et des zones potentiellement glissantes même si pas très raides. Une fois au Lago Marconi, je dois traverser à gué le Rio Electrico: j’arrive à passer sans finir à l’eau malgré le poids du sac, les pierres espacées et glissantes, et mes pieds chaussés des chaussures de ski.

Puis j’attaque la montée vers la Laguna de Los Catorce: normalement le portage devait commencer seulement ici. Il y a des barres rocheuses façon dalles lisses et des passages très glissants. J'ai réussi à faire en 2 voyages, mais je n'étais pas pas si optimiste le matin. Et dans un ou deux passages je me demande comment je vais redescendre avec mon chargement!

J'ai vu le glacier au-dessus du Paso Marconi: c'est beau mais que de séracs ! Je suis content que Rolando Garibotti m’ait indiqué le passage des Catorce. J'ai aussi aperçu le Fitz Roy en partant ce matin: majestueux sommet.

Je trouve un endroit sur une dalle à peu près plate, au milieu des barres rocheuses, pour monter la tente. Comme le vent va se lever, j’ai calé tout avec de très grosses pierres. Ceci dit la barre me protège très bien et heureusement. Effectivement ça souffle beaucoup: pas évident de dormir car les rafales me réveillent.

Normalement j'aurais dû monter le glacier ce jour-là, et le lendemain j'aurais été bloqué en haut à cause du vent prévu. Du coup difficile de savoir si je perds du temps ou pas. Je me dis que c’est trop tôt pour le savoir, et que les arrêts imposés font aussi partie de l’aventure. Paradoxalement, une fois en haut ce sera plus facile. Le réchaud continue de faire des siennes avec le white spirit. J'espère qu'il va continuer à marcher. J'ai un réchaud gaz et une grosse cartouche, mais seulement pour assurer le retour, pas suffisant pour continuer à avancer. Donc j’espère que je devrais utiliser le gaz seulement en circonstance exceptionnelle, sinon c’est le signal du demi-tour: ce n’est pas vraiment le but alors que je ne suis même pas encore au glacier. En démontant la valve qui permet d’injecter l’air j’ai failli perdre le ressort et le clapet anti-retour en caoutchouc, qui se sont trouvés propulsés dehors: je suis allé les rechercher dans la neige.

Les difficultés ne sont absolument pas où je pensais. Je doute car j’ai peu avancé: 3 km et +100m/-50m

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Jeudi 09/08

Ca devait être journée repos à cause du vent, et finalement c'était bon vers 11h: alors go, on n’hésite pas, tout créneau est bon à prendre, même et surtout après une grasse matinée. Le temps de me préparer je me suis mis en route vers 12h20. J'ai refait en 2 portages, c'était pas du gâteau: il y a plusieurs verrous (des barres rocheuses), qu'on passe par des éboulis (ou des névés) sur le côté (rive droite). C'est très raide, ça déroule sous les pieds et je suis parfois obligé de mettre les mains. L’ensemble ressemble à des marches d’escaliers de géant avec une accumulation de graviers dans les angles qui permettent aux nains de monter. Voilà: je suis Gulliver chez les géants.

Comme j'ai fini tard et que le réchaud reste capricieux, je me suis couché sans faire d’entrée dans mon journal. Je l’ai fait dès le lendemain car on oublie vite certains détails. C'était aussi pour économiser la frontale, vu que l'éolienne ne marche pas bien. Au final le panneau solaire me sauve: il a remonté un peu le tél sat. Plus bas il fonctionnait moins bien car je passais constamment du soleil à l’ombre.

Cette journée m’a permis d’arriver au pied du glacier, et je bivouaque de nouveau sur de la neige: j’ai trouvé une zone d’accumulation plus épaisse. Je préfère car ça me permet de bien enterrer les ancres à neige et d’être sûr que ma tente est bien amarrée. J’avance lentement, comme hier, avec 2 km pour un dénivelé de +300m.

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Vendredi 10/08

J’ai démarré pas très tôt malheureusement, car j’ai dû rebricoler la pompe du réchaud: le clapet anti-retour de la valve de mise en pression ne s'ouvrait pas ou peu. J'ai enlevé un bout de ressort: ça allait mieux ensuite. Difficile de mettre le réservoir en pression si la valve ne laisse pas passer l’air de la pompe ! J’ai eu beaucoup de mal à couper le ressort avec mes pinces coupantes, car c’est un métal fin et très dur: j’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois car j’avais peur de juste déformer le ressort ou de le couper en laissant une extrémité qui accroche. Mais au final je l’ai coupé en deux proprement et j’ai réussi à réassembler l’ensemble sans qu’il y ait de fuite: sinon le réchaud aurait été inutilisable car trop dangereux.

Le temps était plutôt beau avec peu de vent de prévu. Heureusement car le vent s’engouffre généralement dans ce couloir, et on l’a en pleine face. J'étais proche du glacier, mais pas moyen d’attaquer directement avec la pulka chargée: il y avait encore des pentes très raides et en neige. J'ai fait un premier voyage sac-à-dos et skis: wouah, une pente était vraiment raide et exposée. Aucun droit à l’erreur car la pente était longue sous moi, et parsemée de rochers avec une barre sur la fin. Mais c'est passé avec la bonne concentration. Je n'ai pas voulu passer par-là pour redescendre chercher le matériel restant, ni reprendre les skis car ensuite l’arrivée était en glace. C’était passé avec les couteaux mais c’était un peu limite. Finalement à la descente j'ai trouvé un autre passage moins craignos. Avec la pulka demi-chargée, ça l'a fait pour remonter par-là.

Ensuite j’ai tout rechargé sur la pulka pour attaquer le glacier: auto-assurage long et fastidieux mais efficace, pulka lourde à monter, malgré la poulie. Mais c'était une bonne idée car ça m'a permis d’être assuré, et de ne faire qu’un seul voyage. Je me suis senti en sécurité car je trouvais toujours un îlot de glace vive pour ancrer mes broches à glace: que ce soit une chute en crevasse ou un dévissage, je pouvais être retenu par une corde tendue en permanence par la pulka, et remonter tout seul.

Quand j'ai vu que la neige recouvrait tout, que j’étais sorti de la zone “de traction” de la glace et qu'il n'y avait plus de glace visible pour mes broches, j'ai désassuré et remis les skis. Ca m'a permis d'atteindre rapidement une sorte de plateau où je bivouaque, pas loin du Paso Marconi. J'espère mieux profiter des jours suivants. Je n'ai mangé qu'une poignée de cacahuètes dans la journée, car je ne voulais pas perdre de temps et que j’étais parti un peu tard. De plus il y avait du vent qui m'envoyait en pleine face la neige tombée un peu plus tôt. Je n’ai pas osé imaginer pendant un jour très venté ce que ça pourrait donner... Surtout pendant les phases de manipulation du matériel. J'ai bien fait de ne pas traîner car j'ai monté le bivouac tard, à la tombée de la nuit. Seul, les difficultés sont plus longues à passer si on veut néanmoins progresser en sécurité. Distance : 3 km et dénivelé : +400 m

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Samedi 11/08

Aujourd’hui je fais une exception: j’envoie un message à quelqu’un d’autre qu’à Rachel. C’est que c’est l’anniversaire de ma fille, je me le suis même noté dans le carnet de peur d’oublier. On se décale vite dans les jours, et on se centre sur soi-même et l’objectif.

Ca fait 5 jours que j'avance, sans compter le petit bout de lundi. Une rapide estimation me fait dire que je prendrai vers les 15 jours au final sans doute, selon le temps de descente et celui près/sur le volcan. La journée s’est faite en régularité, enfin, à tirer la pulka en poussant sur les bâtons, avec peu de stress comparé au jour précédent. Et pas le même "fractionné" à hisser la pulka. La météo était plutôt bonne sauf une fin de journée "blanche" qui rendait l'orientation difficile. Heureusement j'arrivais toujours à distinguer les détails qui m'intéressaient.

J’avais identifié sur la carte un passage avec quelques crevasses que j’avais prévu de contourner. Mais comme la visibilité était suffisante, j’ai pu constater qu’un endroit était praticable car en pente douce tout du long, et j’ai pu me faufiler entre deux zones de crevasses. Je pouvais voir le soleil aussi à travers les nuages. Et à un moment j'ai perdu le nord. Littéralement. J'allais vers le soleil, et je me suis rendu compte vu l'heure, qu'il devait être sud/sud-ouest: j'étais donc presque à l'envers ! J'étais déboussolé, et je ne voulais pas encore la prendre (la boussole) avant de comprendre ma grossière erreur ! J’ai commencé à gamberger: me serais-je trompé dans la déclinaison magnétique, à laquelle j'ai pensé et qui est de 13° est. Je me serais trompé de sens? Mais dans ce cas l'écart serait de 26°, pas 90° ! Pendant une bonne demi-heure j’ai le cerveau en ébulition, ç’en est presque douloureux. Pourtant les erreurs possibles que je trouve ne collent pas, et j’ai le sentiment d’être dans la bonne direction. Au final, après réflexion, je suis dans l'hémisphère sud. Donc le soleil se lève à l'est, passe par le nord, puis va à l'ouest. Ca signifie que j'étais dans la bonne direction: nord-ouest. Juste pas habitué à réfléchir mon orientation avec des repères différents. A La Réunion je n'avais pas remarqué, mais c'est tropical, donc probablement moins marqué avec un soleil plus vertical.

Les panoramas sont magnifiques, j'en profite pour faire de belles photos et faire voler le drone. J'ai hâte de voir le résultat. Je me réjouis déjà des images que je pourais faire si je rencontre de bonnes conditions près du volcan pour pouvoir le faire voler en prenant le temps.

Dans le jour blanc mon esprit aussi était blanc. Ca fait du bien...

Pendant la journée j'ai observé et été dans des minis-tourbillons de vent qui soulevait de la neige: rien de grave mais c'est quand-même impressionnant à voir. En tout cas beau, le derviche tourneur des récits du désert (lisez ou relisez les mille et unes nuits...).

Le montage de tente se fait dans le vent, 60 km/h au moins. Compliqué, ça soulevait plein de neige. L'éolienne s'emballait souvent la nuit, mais elle charge mal. Heureusement le panneau solaire a remonté le tél sat à plus de 50%.

J’ai bien avancé avec une distance de 12 km et un dénivelé de... 150m !

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Dimanche 12/08

L'éolienne a bien chargé ma frontale, mais apparemment pas mon portable. Je me demande si c’est l’éolienne ou le portable qui est en cause. Ou une combinaison des deux. Mais celui-ci n'a pas l'air de charger non plus avec le panneau solaire.... A voir demain s'il fait beau.

Il a fait jour blanc dès le bivouac démonté (presque 13h). J’ai dormi tard, et le mur de neige plus les accumulations ont été galères à enlever . J'ai l'impression qu'il y a eu beaucoup de vent dans la nuit. Enfin en tout cas journée avec vent et neige dans la face, jusqu'à l'arrêt vers 16h55. Je me guidais aux striures du vent sur la neige, ou à la direction des flocons sur mes skis, pour ne pas sans cesse consulter la boussole. Souvent je déviais vers ma gauche. Ceci dit au moment de monter le bivouac, il y a eu une éclaircie, et j’ai pu constater que j’étais quasi au pied du volcan: petit moment de satisfaction car je suis pile où je voulais être, sans utiliser de GPS.

Pourtant la météo indiquait une journée avec peu de vent. D’ailleurs en parlant de météo, Rachel m’a tout envoyé dans un grand message ce matin. Du coup le réseau satellite a tout découpé en paquets de la bonne taille pour mon téléphone, mais tout est arrivé dans le désordre: très dur à comprendre !!! J’ai profité de nos échanges pour lui faire poster une dédicace aux détenus du centre de Saint Sulpice car le fond de ma pulka héberge leurs messages de soutien, et j’y ai pas mal pensé pendant cette la journée.

J'ai pensé à tout ce que je pourrais partager de cette expérience, et avec qui. C’est important le partage, même et surtout après une expérience en solitaire.

Au final même bilan qu’hier, distance : 12 km pour un dénivelé de +100m.

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Lundi 13/08

Ce jour-là, j'ai réussi à me lever pas trop tard, vers 8h. Ce n’est pas évident ces jours-ci de se lever tôt, car le vent m'empêche souvent de dormir en début - milieu de nuit. Du coup je dors le matin au lieu d'avancer. En particulier, les 2 dernières nuits ont été très agitées, avec bourrasques fortes, toile de tente qui claque comme un drapeau, et abside emplie de neige le matin. Là où la météo de Rachel indiquait nuit calme: c’est les joies de la Patagonie.

Et ce matin-là, idem: la journée devait être calme avec juste peu de neige jusqu'à 11h. Résultat, depuis que je suis levé, il neige en effet, mais avec pas mal de vent. Impossible de sortir, ou en tout cas aucun intérêt d’affronter ces conditions: ce que je veux faire c’est évaluer la difficulté de l’arête et la meilleure manière de l’aborder, mais avec zéro visibilité, je vais juste évaluer que je ne vois rien. Ca souffle en tempête, la tente est secouée et le grondement du vent est impressionnant.

Réchaud le retour: je me suis rendu compte que la pompe de mise en pression ne marchait toujours pas (après avoir démonté l'injecteur que je pensais bouché). En fait il y a un clapet anti-retour essence là où la pompe injecte l'air dans la bouteille. Il s'agit d'un morceau de caoutchouc similaire à une gomme de crayon-à-papier, poussée par un ressort. Après avoir coupé le ressort, dès le lendemain, problème de nouveau, cette satanée gomme se coince, heureusement j'arrive à la décoincer. Mais ensuite, rien à faire, donc impossible de mettre l'essence en pression. C'est le problème depuis le début en fait. Alors je décide de rogner le caoutchouc , non sans avoir perdu le resort à nouveau: après avoir inspecté dehors et retourné l'intérieur de la tente, il était coincé dans mon bonnet ou par-là sur ma tête. Finalement j’arrive à couper la gomme proprement sans rien abîmer. Pas de fuite: ouf, et la mise en pression est efficace.

Satané réchaud ! Il faut aussi faire attention au risque d'asphyxie. Outre les vapeurs de carburant, l'appareil génère du monoxyde de carbone. Pour cette raison et risques d'incendie, à ne jamais utiliser dans la chambre de la tente, mais dans l'abside, ou dehors si possible, et en ventilant bien. Pas facile pour moi ce matin-là: dès que j'ouvre, la neige s'engouffre à l'intérieur sous forme de poudre très fine. Heureusement ma tente est merveilleusement bien conçue et j'arrive à trouver un moyen d'ouvrir un peu sans laisser entrer trop de neige.

J'ai rarement froid, la température est descendue une seule fois entre -5°C et -10°C. En général c'est entre 0°C et -5°C. Comme j’effectue cette lecture un peu tard, ça veut dire qu’au plus bas j’ai eu du -15°C en fin de nuit. Du coup mon équipement grand froid ne sert à rien, et j'ai bien chaud dans mon duvet, au point que j'ai du mal à le quitter le matin. Seul moment où j'ai froid: le soir aux genoux une fois couché. Vraiment étrange ! La ventilation que je laisse ouverte peut-être? Car l'humidité est terrible: ça givre la nuit, mais le matin ça redevient très vite de l'eau. Donc brosse pour givre et chiffon pour l'eau sont mes meilleurs alliés !

Quand le vent se calme, le silence est très présent, presque solide. Mais la neige continue puis le vent de nouveau, par cycles, et je suis obligé d’attendre la fin d’après-midi pour consolider le mur de neige en prévision du vent de ce soir. J’arrive même à faire voler le drone, et à profiter d’une trouée dans les nuages pour passer au-dessus de la couche et filmer le volcan qui doit en émerger. Le volcan était au début dans le brouillard mais ensuite ça allait mieux. J’avais le drone tout prêt, avec une batterie pleine, attendant une pause dans le vent: j’ai bien fait, il ne faut jamais louper un créneau en Patagonie. J’ai hâte de voir ces séquences. J’aurai pu essayer de me rapprocher un peu du volcan mais ça aurait pris trop de temps de démonter puis remonter, avec une forte probabilité de couvrir peu de distance, et le risque de remonter avec déjà trop de vent.

Je pense à la vie, à ce que je vais faire pour partager l’expérience vécue lors de cette expédition. Je pense aussi au monde qui m’entoure et comment je pourrais faire pour l’orienter dans une direction qui me paraîtrait plus saine.

J'ai mangé le reste de paëlla du jour précédent, froide. Comme ça pas besoin de faire encore fondre de la neige et chauffer de l'eau. En plus ça économise un repas: je profite d’avoir moins de dépense énergétique pour gagner des demi-journée de marge supplémentaires. J'ai complété avec quelques cacahuètes et du chocolat. J'ai aussi fait fondre de la neige pour boire, avec mon réchaud qui fonctionne bien maintenant. A cause de la neige et du vent j’ai un phénomène "dune de sable", et la neige s'infiltre partout. Mais comme il fait chaud, au final il bruinait dans la tente car chaque rafale de vent faisait tomber la condensation. Très agréable ! A l'intérieur ça finit par sécher à mesure que le vent baisse, d’autant que la neige finit par s’arrêter et que grâce au soleil, ça réchauffe tout, et notamment la neige vole moins depuis le sol car trop lourde et humide. En plus une grande partie de la neige légère a sans doute déjà été balayée. Ce jour-là j’émets le voeux qu'il ne neige pas de nouveau. Juste le vent me suffirait.

Côté énergie ça reste compliqué: j'ai essayé le panneau solaire dehors, au début ça marchait, mais finalement la neige se colmatait dessus. Ayant remarqué que le fond de la tente est bien au soleil et qu'il n'y a pas d'humidité là, j'y ai fait sécher torchon (récupéré dehors tout raide de gel), duvet, moufles, et ensuite j'y ai placé le panneau solaire: et ça marche ! D’ailleurs quand le vent tombe, il fait très chaud dans la tente ! Je mets la priorité sur le tél sat, mais quand il atteint 55%, j’essaie de charger mon téléphone portable, indispensable pour faire sauter le bridage en distance et vitesse du drone. De plus l’appareil photo ne veut plus rien savoir donc le téléphone portable me permet aussi de prendre des photos.

J’essaie de prévoir une météo locale à l’aide de ma montre altimètre: comme elle indique une altitude plus basse qu'hier soir, mais similaire au jour précédent au moment de mon installation, ça indique que la pression a baissé puis réaugmenté (la pression baisse avec l’atitude). Ce qui explique le vent de cette nuit et de ce matin, et j’ose l’espérer, laisse présager un peu de calme.

Il fait soleil mais le volcan reste dans la brume. Heureusement j'ai pu avoir des aperçus hier soir et ce matin: je sais exactement où je suis, et je peux surveiller si ça se dégage. Mais j'ai l'impression qu'il est souvent entouré de nuages... Si je vais y faire un tour en reco, je laisse la tente et je prends le GPS. En tout cas aller au sommet me semble très illusoire. Il y a beaucoup de crevasses sur la partie glacier, et les arêtes semblent très effilées: pas moyen de marcher à leur crête. Il me faudrait une excellente visibilité pour pouvoir déjouer les pièges en sécurité. Et juste dessous, les pentes semblent raides, avec des crevasses. Outre l’objectif principal, déjà atteint, d’aller au pied du volcan, je réalise que je vais devoir m'en tenir à un film sur les alentours, si je suis chanceux. Ce serait déjà génial, d’autant que j’ai quelques rush intéressants.

Mes chaussettes sentent une infection. Tantôt j'ai l'impression d'avoir un livarot avec moi, tantôt un roquefort, tantôt n'importe quel fromage fort... Le retour à la civilisation risque d'être gênant socialement: j'espère que Jorge viendra me chercher sans sa femme... Et que je pourrai me doucher rapidement à l'auberge de jeunesse.

J'ai parfois du mal à savoir de quel côté de la tente est le volcan quand il y a un peu de nuages: c'est fou comme on est vite désorienté. Pourtant je sais qu'il est côté mur de neige...et mauvais temps ! Pendant que je fais chauffer l'eau pour le repas du soir et pour boire je remarque que j'ai un peu froid aux orteils. C'est la première fois je crois. Le fait d'avoir été statique pendant le pilotage?

Comme ça fait pile une semaine que je suis en expédition, j’en profite pour faire un petit bilan et regarder les perspectives pour la suite. Je prévois d’attendre que le mauvais temps passe, bien que les prévisions indiquent encore quelques jours de neige et de vent violent. J’ai encore un peu d’espoir car les prévisions manquent de fiabilité ici. En conclusion, je compte regarder si je peux filmer un peu mieux avec le drone et je file ! Car sinon gare aux réserves de nourriture, je préfère garder une sécurité.

Le réchaud ronronne à plein régime. Ca pue et ça pique un peu les yeux, mais c'est une mécanique très rassurante: la garantie d'avoir à manger chaud, et à boire. Cependant avec les rafales, je ne l'entends parfois plus du tout, et peu entre deux. Pourtant je le surveille essentiellement à l'oreille, avec la porte de la chambre fermée au maximum, pour respirer le moins possible d'émanations, et aussi parce que la neige a tendance à entrer.

Pendant que l’eau chauffe j'allume la frontale car la lumière baisse. Et j’en profite pour un petit bilan médical. Hier je me suis fait une ampoule à l'intérieur du talon gauche. L'endroit habituel. Comme j'ai trouvé que ça faisait un peu trop mal cette nuit, j'ai regardé ce matin: elle a crevé et en plus était blanchâtre. Infection ou reste de peau? Dans le doute j'ai désinfecté, et appliqué la pommade antibiotique locale prescrite par mon médecin. Vu l'hygiène actuelle de mes pieds, c'est plus prudent. J'ai bien protégé avec pansement à découper et élasto: tant que je ne skie pas ça ira. Et ensuite? A voir mais par expérience l’élasto est très efficace pour maintenir les pansements: ce n’est pas un hasard si j’en ai dans ma trousse à pharmacie... Il faudra que je retourne encore une fois faire élargir la coque gauche de ma chaussure de ski. La droite ça va au final: un peu d'échauffement mais après autant de jours à transpirer des pieds c'est plutôt pas mal.

Ce matin-là j’ai résisté à l’envie de me rendormir. Heureusement car j’en ai profité pour sortir et consolider le mur de neige, sans lequel ça aurait été plus compliqué. Quand j'ai monté la tente hier, le vent était plutôt nord, et depuis il a tourné ouest. Ma tente est optimisée pour encaisser le vent de l'arrière, mais là il est plein travers. Si ça doit devenir très fort voire violent, c'est un risque à trop tirer sur la tente, même si je la pense résistante. Et le tissu claque: ça fait beaucoup de bruit, et surtout c'est signe d'une énergie dissipée très localement, l'effet drapeau qui finit par les déchirer aux extrémités. Je préfère éviter... Du coup le mur va prendre une bonne partie au lieu de la tente. Ouf, rassurant.

Ma tente est maintenant nettement plus basse que le niveau moyen du Campo de Hielo: toute la neige tombée a été nivelée, notamment celle ramenée des sommets alentours. Le fameux phénomène des bases qui s'enfoncent en Antarctique. Sauf qu'il neige peu au centre de l'Antarctique donc c'est relativement lent. Ici, avec le niveau de précipitations et le vent très fréquent, ça a l'air d'être rapide.

Le compte-rendu
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Mardi 14/08

Le vent a vraiment soufflé très fort cette nuit, et c’est encore le cas le matin. Apparemment 100 à 200km/h d’après la prévision météo reçue le matin même: dommage que je n’ai pas pensé à prendre un anémomètre pour en avoir le coeur net. Bien que protégée par le mur de neige, la tente se déforme énormément, tout du moins la toile, car les arceaux, eux, bougent assez peu: c'est sécurisant. Les rafales font claquer la toile comme des coups de tonnerre, et le bruit est continu, limite assourdissant. Comme un train de marchandise qui passerait au ras de moi à grande vitesse. Un fracas permanent. D'ailleurs avec ce bruit c'est dur de dormir, mais j'y arrive néanmoins. Le duvet du sac de couchage isole un peu du bruit quand j’ai la tête emmitouflée dedans, et à un moment la fatigue finit par l'emporter. Du coup l'inconscient a des stratégies pour permettre le sommeil sans être trop perturbé: il incorpore les bruits dans des rêves.

Premier exemple: je viens de louer un appartement tout neuf, mais il y a beaucoup de bruit. Je me renseigne et réalise que les travaux continuent dans d'autres parties de l'immeuble, avec un marteau-piqueur, etc... Ensuite je suis invité à une fête par les nouveaux voisins, et là aussi la musique est très forte ! Enfin je vais à un concert de musique expérimentale, à base de grondements et de claquements. Mais curieusement, quand le concert semble près de s'achever, la "musique" reprend de plus belle à chaque fois.

La journée s’annonce sous le signe du blocage sous la tente étant donné la violence du vent. J'ai pris le petit-déjeuner avant de commencer à écrire. Alors forcément mes intestins se réveillent. Autant la partie urinaire est facile à gérer, autant le côté fécal, c'est plus compliqué. Hier je me suis creusé une fosse d'aisance dans l’abside de la tente. Je crois refaire la même chose aujourd'hui. Le problème est que je risque de rester coincé plusieurs jours. Je voudrais éviter de retourner mes excréments à la pelle, car je l'utilise pour approvisionner ma gamelle en neige fraîche ! C’est là qu’il faut gérer l’espace de manière très stratégique.

La météo annonce 50 à 80 cm de neige en fin de semaine. Ca m’inquiète mais j’essaie de voir le positif: ça pourrait me simplifier la gestion de la pulka dans la plupart des passages de la descente puis du retour dans la vallée: la neige nivelle les difficultés. Les dalles glissantes deviennent adhérentes, les petits barres rocheuses deviennent des pentes raides praticables. Ca masque les repères, mais j'estime pouvoir gérer avec une bonne visibilité. Au pire il y a le GPS. Ceci dit reste un risque: les avalanches. Sous le glacier il y a quelques pentes raides surplombées de barres: normalement elles se purgeront naturellement, mais je l'espère avant mon passage. Le glacier ne devrait pas poser de souci, mais il y a fort à parier que je ne pourrai pas m'assurer comme à la montée. Reste un obstacle majeur: les grandes pentes sur la deuxième partie du lac, en éboulis. Elles sont forcément propices aux avalanches. Mais ça doit purger aussi,et en plus, y aura-t-il nécessairement une sous-couche? A part passer par le lac en flottant sur la pulka je n’ai pas trop le choix !

Je remarque que j'ai tendance à laisser mon couteau ouvert après avoir déneigé les chaussures. Il faut que je sois plus attentif car il est très pointu et coupant, et je risque d'endommager quelque chose ou de me blesser. Et quand je vois la tension dans la toile de tente, je ne veux pas penser à l'effet d'une déchirure.

Quand il y a une acalmie en milieu d’après-midi, j'en profite pour réaliser une sortie extra-véhiculaire et accéder au module de secours pour en extraire le rhum Toucan, le reste de nourriture et 1 bouteille de white spirit. Pas besoin d’aller dans l’espace pour se sentir comme Thomas Pesquet ! D'un autre côté je n'ai pas trop envie de m'attarder mais c’est la météo qui décide. Je commence à avoir des fantasmes de retour rapide: j'essaierais bien de retraverser le Campo de Hielo le lendemain si j'arrive à me lever et plier la tente pas trop tard. Le vent me poussera. Ca me permettra sans doute de voir un peu plus de ciel bleu? Côté température, il fait plutôt très doux, et humide. Si des ponts de neige se forment, et qu'il y a regel, ça tiendra bien. Donc il faudra redescendre le glacier plutôt tôt le matin pour profiter au maximum de la sécurité apportée par le regel.

Le matin j'ai fait une bonne sieste, ça m'a passé le temps. J'ai hésité à recommencer, par ennui, mais j’ai eu peur de ne pas dormir ensuite. Dommage, ça fait bien passer le temps. C’est le seul moment où je regrette de ne pas être parti à deux pour partager ce moment prolongé sous la couette.

La fin de journée est marquée par une reprise d’un vent soutenu mais moins violent que ce matin. Et il me semble qu'il tombe une neige très lourde. Si ensuite elle congèle, je me dis que ça va être coton à dégager. La porte de la tente est déjà en surcharge.

Avant de manger, je m’offre une rasade du rhum Toucan n°4 de Christophe: c'était pour le volcan ou les coups durs. Comme je suis à côté et que je n'irai pas plus loin ni haut, ça me paraît un bon timing. Je suis obsédé par Cesaria Evora et ses chansons tournent en boucle dans ma tête. Finalement j’ai eu raison de ne pas emmener de musique: elle est là avec moi.

Le compte-rendu
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Mercredi 15/08 - L’exode

Je ne me suis pas ennuyé cette journée-là ! Il a commencé à neiger sérieusement dans la nuit ou en fin de soirée. Je me suis réveillé vers 1h du matin avec une sensation étrange, comme si j'avais faim. Mais j'avais bien mangé donc impossible. Mais mon intuition m’indique que quelque chose cloche. Au final je prends ma frontale et j'observe: la tente semble à demi-ensevelie, et je me demande si je ne manque pas d'oxygène ! Probablement pas mais c’est oppressant. Je m'habille, je sors en gérant au mieux la porte recouverte de neige. Je suis content d'avoir une frontale bien chargée, et le masque de ski: c'est le blizzard. Après 2h à dégager le tour de la tente, je rentre et me rendors.

Réveil vers 9h, il faut déblayer de nouveau avant le petit-déj. Déjà que tout est trempé dans la tente, le retour s’annonce joyeux ! J'y passe 1h ou 1h30, puis me fait chauffer de l'eau pour mes flocons d'avoine. A peine le petit-déj terminé, je vois qu'il faut ressortir. ! J'y retourne et je rentre vers 14h30. J'y ai passé 3 ou 4h. Le vent et la neige étaient continus. Après m’être secoué, brossé et gratté pour ne pas rentrer trop de neige dans la tente, je mange le reste de risotto froid de la veille en guise de repas de midi. Pas besoin de faire chauffer d'eau.

Demain c'est normalement plus calme, moins de vent, et la neige peut-être pas non plus. Je vais me lever tôt, emballer tout, et partir. Là encore j’ai le fantasme de descendre le glacier, voire d’arriver au Rio Electrico, idéalement à la Playita, qui semble un lieu bien protégé, le tout dans la journée: totalement irréaliste. Je suis trempé. De la neige s'accumule de nouveau sur la porte. Il va falloir ressortir une ou deux fois avant de me coucher. Du coup je décide de bien manger pour prendre des forces, quoiqu’il m’attende.

En effet quand je suis sorti après le repas j'ai constaté que la tente était quasi ensevelie, avec de la neige de toutes parts qui montait sur les côtés et jusque sur le toit. Impossible de dégager, et j'aurais été encore plus trempé, sans compter qu'il aurait sans doute fallu recommencer dans la nuit. Je me suis senti pris au piège, entre deux énormes congères, alors j'ai tout plié tant bien que mal, et en me disant que si le lendemain était pareil, j'allais sûrement demander de l'aide car tempé comme j'étais, j'aurais fini par avoir très froid.

Je me suis lancé dans la nuit, en suivant la direction opposée sur ma boussole à celle qui m'avait permis d'arriver là, et ensuite en regardant les stries du vent dans la neige pour garder le cap. Il y avait du vent, il neigeait en continu, les sastrugis ralentissaient ma progression mais au final j'avançais bien. Pour rester au chaud, j'étais prêt à ne pas me coucher car après tant de jours immobiles j’étais en pleine forme. Mes vêtements humides étaient réchauffés par l’effort. C'était sans compter mes skis: une cale de neige s'était formée à l'avant de la chaussure, et ça forçait sur la fixation. Alors j'enlève le ski pour enlever la cale, j'y arrive, mais ensuite impossible de réenclencher la fixation. Elle était bloquée par de la glace dessous. J'ai envisagé la débloquer avec mon couteau, mais au vu des conditions j'ai préféré monter la tente car je n'arrivais à rien. Des arceaux étaient tordus à cause du poids de neige au démontage.

J'ai monté la tente, pris le minimum, et laissé Goretex, moufles trempées, ainsi que sac-à-dos plein de glace, dans l'abside. C'était pour ne pas saturer encore plus la tente d'humidité: tout était couvert de glaçons donc imbrossable. J'ai même été obligé de casser la glace de ma barbe avec les pinces tellement elle était épaisse. Impossible de l'enlever en tirant. Il était vers 2h30 du matin. Je me suis couché comme ça, le pantalon était sous la tente, trempé lui aussi, et moi j'étais humide.

J’ai bien avancé malgré les conditions et l’arrêt intempestif: distance 8 km pour un dénivelé de -20m.

Jeudi 16/08 - La perte

Au réveil je me croyais le 15. Ca y est, j’étais encore une fois perdu dans les jours, ce qui arrive souvent au bout d’une semaine de baroud. Heureusement que je prenais des notes. Il faut dire que les 24h précédentes ont été mouvementées, j'ai eu peur, vraiment.

Au final j'ai eu un peu froid mais j'ai bien dormi: j'étais tellement emmitouflé dans le sac que j'ai cru qu'il faisait noir en me réveillant. En réalité il était 9h, peu de vent, et je devinais un bon ensoleillement. Je me suis levé, et j'ai déjeuné de cacahuètes pour ne pas perdre de temps à chauffer de l'eau. Et d'un snickers. Etant toujours inquiet j'ai demandé la position GPS du refuge à Rachel puis à Jorge. Jorge a répondu en premier. Il m'a fallu faire une conversion minutes et secondes en minutes décimales, et hop: je savais où aller. J’aurais pu y aller à la boussole, mais mon objectif était à l’origine de tout faire sous tente dans la mesure du possible, et j’ai négligé de repérer correctement le refuge. C’était un peu jusque boutiste peut-être.

Une fois dehors j’ai constaté qu’il faisait beau, et pas ou peu de vent: j'ai tout sorti, brossé, mis à sécher, et finalement j'ai tout remballé presque sec. La doudoune en duvet légère a séché sur moi. Le moral était bien meilleur du coup, mais j'ai hésité à descendre le glacier en fin de journée, et je restais inquiet pour la météo de la nuit. Je me suis mis en marche vers midi et quelques, une fois que tout était sec, et en avançant je me disais que j'allais descendre direct. Il faisait beau voir chaud, j'étais optimiste. Las, les distances semblent petites mais sont grandes: la réalité commençait à me rattraper.

Comme c'était beau avec une visibilité parfaite j'ai voulu faire voler le drone pour utiliser la dernière batterie. Mal m'en a pris: au décollage à 30m de haut, j'ai voulu enlever le téléphone de la télécommande pour économiser de la batterie. J'ai quitté le drone des yeux, et très vite, un coup de vent énorme me pousse entre les omoplates: je maintiens mon équilibre mais quand j’essaie de repérer le drone, il n’est plus là ! Un coup d’oeil sur la télécommande: il s'éloigne très vite. Je tente un atterissage automatique, mais ça semblait très lent voire inefficace car la rafale de vent se prolonge. Je passe en manuel, mode sport. Ca marche plutôt bien, il revient de 600m à apparemment 150m mais impossible de faire mieux, et je ne le vois toujours pas. Alors je tente de l'amener près du sol pour le récupérer en visuel, et malheur, je ne l'ai plus revu. Il s'était déjà crashé je crois. J'ai suivi le vent pour le retrouver, fait un crochet vers les montagnes, rien à faire. Du coup j'ai perdu du temps, et peu mangé.

J'ai repris quelques cacahuètes et opté pour le refuge. J'ai bien fait car il y a une pente pour retourner sur le glacier, et avec la pulka c'est long. Je suis arrivé au refuge vers 19h. Je sais que je vais en profiter pour me reposer, notamment le dos, mais aussi le psycho. Un vrai matelas, c’est toujours très appréciable ! Au final j’ai parcouru 14 km pour un dénivelé de -130/+100 m. C’est lié au fait qu’il y a une cuvette à traverser pour sortir du Campo de Hielo, et que le refuge est situé sur une crête.

Le compte-rendu
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Vendredi 17/08 - Le refuge

Pour accéder au refuge, je n'avais pas assez zoomé sur le gps. Je croyais qu'il était au pied d'une barre rocheuse, j'ai même cru le voir plusieurs fois: le pouvoir de l'imagination. Au final il était à 600m de distance, mais sur la crête qui surplombe la barre. Logique: c'est pour ne pas être enseveli par la neige (comme une certaine tente !). Du coup j'ai dû faire plus d'1km, avec de la montée, pour y parvenir. J'étais mort ! J'ai su que je l'avais atteint, outre la topologie des lieux, quand j'ai aperçu une antenne. Le refuge en tant que tel, je ne l'ai vu quasi qu'une fois dessus. C'est une sorte de nef renversée, haubannée par des câbles. Je me demandais où était la porte, et sur le côté, j’avise un escalier. Je monte, il y a un trou qui pourrait être une serrure, je l'explore, rien à faire. Je déblaie neige et glace qui recouvrent certaines parties: en bas, il y a une barre horizontale. Ok il faut sans doute lever. J'essaie: rien. Je fais levier avec mon piolet et ça bouge. Je réessaie, ça se lève, miracle ! Ca m'aurait embêté de passer la nuit dehors juste à côté !!! En réalité la porte est très lourde: je reste coincé avec la porte sur le dos en essayant de tirer une poignée reliée à une poulie à l'intérieur. Au final il y a un machard sur la corde de la poulie pour bloquer la porte en position haute. Tant bien que mal je le fais coulisser, la porte reste en position semi-ouverte ! Je me faufile, l’ouvre un peu plus, puis retourne chercher le reste du matériel. Hisser la pulka sur l'escalier fut grand moment de "bonheur", mais j’ai réussi à le faire sans me vautrer lamentablement !

Pour une journée de repos, ce fut une vraie journée de repos. J'ai nettoyé un coup le refuge en passant le balai, de façon à pouvoir me déplacer avec les chaussons de ski (donc sans la coque en plastique des chaussures). Il y avait de la poussière mais aussi de la neige/glace partie amenée par le vent, partie par d'autres occupants, partie par moi la veille avec mes chaussures de ski. Ensuite j'ai déblayé la neige dans le sas d'entrée, et vérifié le joint de la porte, un peu malmené par moi hier (feuilles de métal qui recouvrent et entourent l'embrasure). Enfin, corvée de neige et vidange de l’urine dehors. Pour la partie intestinale, il y a dans le refuge des sacs avec gel absorbeur, qui s'adaptent sur des wc portables, et ensuite se mettent dans une deuxième poche hermétique. Ce sont des "Go anywhere toilets kits". Ca rend toute la matière sèche et la désodorise. Plutôt pas mal en particulier dans les endroits où l’équilibre écologique est fragile et où ramener tout déchet est fortement recommandé.

Ensuite j'ai cherché et trouvé de la lecture. Comme j'ai fini par me refroidir, j'ai improvisé une séance de boxe en "shadow" devant un miroir assez grand pour voir mon buste, équipé de moufles, bonnet, doudoune en duvet et goretex: style Rocky garanti ! Et j'ai bu 2 thés chauds. Ca a marché, et une fois réchauffé, j’ai continué le séchage au réchaud de mes gants fins et polaires habituels, qui avaient trempés dans les poches de la Goretex ainsi que le torchon qui me sert à enlever l’humidité de la tente, directement au-dessus de la flamme. Exercice délicat pour ne rien faire brûler... J'ai bien chaud après le repas, avec mes deux bonnets (duvet + polaire/laine), mes 2 t-shirts mérinos, ma polaire, ma veste légère en duvet, et la Goretex. Il y a du vent dehors, et de la neige comme annoncé. Difficile d’évaluer la force du vent, le refuge assourdi les bruits en comparaison de la tente, ça semblerait presque tranquille mais c’est trompeur je crois. C’était très brumeux aussi: descendre le glacier dans ces conditions aurait été folie.

Samedi 18/08 - La descente

Le temps étant beau j'ai finalement décidé de descendre le glacier. Mine de rien ça m'angoissait un peu: j'avais peur que tout ait changé et de ne pas retrouver un passage sûr. Au final c'était pareil, mais comme il y avait du vent qui soulevait de la neige, je me suis trompé et j'ai pris trop sur la droite. Pourtant j'avais noté ce risque à la montée, comme quoi, l’analyse était bonne mais on peut toujours se faire surprendre à l’exécution... Donc il m'a fallu remonter à quatre pattes en crampons et piolet à la main, en tirant la pulka. Sur le haut je devais faire attention de ne pas me faire embarquer à gauche ou à droite, car c'était des vagues de glace donc je surfais la crête, et la pulka avait des envies d’en-bas, quelque soit le côté. J'aurais sans doute trouvé le chemin tout seul, mais j’ai utilisé le GPS une seconde fois pour éviter de me tromper de nouveau et d’être obligé de remonter.

Ensuite j'ai retrouvé le bon cheminement, mais c'était plus dur que je ne le pensais avec la pulka: à cause du vent, il y avait par endroit d’énormes accumulations de neige où j'enfonçais jusqu'aux genoux voire la taille, et à d'autres j’étais sur de la rocaille nue. Impossible de mettre les skis, ou alors il aurait fallu constament changer, ce qui demande pas mal d’effort et de temps. Et avec les crampons, j'ai passé plus facilement les zones glacées, plus nombreuses qu'à la montée à cause de la neige fraîche fondue puis regelée. Du coup Jorge avec qui j'avais rendez-vous à la Lagunita (ou Playita) avait raison: il faut au moins deux jours pour y aller.

Alors j’installe un bivouac intermédiaire, à un coude de la rivière en-dessous du Lago de los Catorce. C’est un endroit un peu protégé du vent, mais c’est compliqué de caler la tente avec des pierres difficile à trouver ou à extraire de leur gangue de glace. D'ailleurs il y a eu une rafale vers l'avant de la tente qui s'est partiellement envolée. Je n’avais pas fini de tout caler à fond étant en cours de montage, et ça m’a surpris: j’avais orienté la tente pour que les rafales viennent de l’arrière. Difficile de prévoir ce genre d’événement. Heureusement un côté était amarré dans la neige au pied de la petite barre, et ça a tenu, ainsi que deux des trois points de l'arrière: d’où l’intérêt de soigner le montage de A à Z.

Je n'ai ni mangé ni bu pendant cette descente, comme à la montée. Ce n’est pas terrible mais j'avais refait le plein au refuge. Du coup ce soir j'ai mangé les pâtes de ce midi, plus des cacahuètes, et du chocolat. Bien qu’ayant bien dormi les deux nuits au refuge, la fatigue se fait sentir. Il fait plus chaud dans la tente qu’au refuge, c'est clair, mais on y sent aussi plus le vent qui reste très soutenu vers les 80 ou 90 km/h.

La distance parcourue est raisonnable: 9,5 km, et le dénivelé aussi: - 500 m compte-tenu des difficultés de progression.

Dimanche 19/08 - La crêpe

Je reprends les portages depuis le bivouac sous le lago de los Catorce jusqu'à la playita/lagunita, l'extrémité du Lago Electrico. Au programme: éboulis, barres rocheuses, gué et vent. Je suis content une fois que tout ça aussi soit passé. Par moments et endroits il y avait des bourrasques fortes. A chaque passage de barre rocheuse, il fallait vraiment que je fasse très attention de ne pas me faire pousser par dessus. Globablement météo sympa, même si pas le grand soleil: il s'est montré néanmoins. En plantant la tente le midi (vers 13h - 13h30) je me suis fait tomber une grosse pierre sur le petit doigt gauche: il est devenu bien gonflé et un peu bleu, ça promet de belles couleurs ! Ca, plus ma douleur dans le bras gauche, type tendinite, qui est gonflé aussi, la gauche n'est pas à la fête. J’ai pris des anti-inflammatoires pour commencer à soulager tout ça en attendant du repos.

De temps en temps il y avait des bourrasques, mais j'avais l'impression d'entendre le vent, plus haut, un grondement sourd et relativement constant. Ou alors c'est la rivière. Si c'est le vent ça veut dire que c'est un endroit bien protégé, ce qui semble être le cas. En effet j’ai installé la tente sous une grande barre rocheuse, et je suis sous le vent, mais ça n'exclut pas de fortes rafales. J'espère que la nuit sera plus calme que la dernière. La météo annonce facilement du 120 km/h.

Le lendemain j’ai prévu de rejoindre Jorge au refuge Piedra de Fraile: pas besoin de monter la tente là-bas ! Encore 80-100 km/h de vent sont prévus, mais c'est sur le Fitz Roy: ce sera un peu moins violent pour moi? J'espère...

J'ai fait une chute sur le cul ce matin à la fin du premier portage, en glissant sur une dalle: deux attaches de mon sac-à-dos sont cassées. Ma tente a aussi un arceau abîmé (jointure légèrement fendue) et la toile déchirée en 3 endroits, une des coutures est en train de lâcher à l'arrière, mais ça tiendra. Je pense que c’est dû au frottement sur les pierres la nuit précédente. Le matériel a été fortement fortement éprouvé par le vent, le blizzard puis la chute. J'avoue que le bonhomme aussi. J'ai sommeil ce soir-là, dès 19h15, donc autant récupérer, et me lever tôt pour avoir fini les deux navettes le lendemain à 16h.

Peu de distance parcourue, comme à l’aller: 2 km et un dénivelé honnête de -500 m malgré la zone de barres rocheuses et le gué difficiles à passer avec du poids. Je suis content de ma journée et je me sens en sécurité, je me couche serein.

Environ 20mn plus tard, je dors ou presque, et j’entends un grand bruit. Simultanément je me sens soulevé sur mon côté gauche, et je sens que j’échange de place avec tout mon équipement tout en effectuant une rotation sur le côté. Je récupère à tâtons ma frontale et le téléphone satellite qui sont toujours dans le sac de couchage avec moi. Au-dessus de moi, il y a la toile de sol: je viens de me faire retourner avec la tente par une rafale. C’est la grosse angoisse: si une autre survient, je risque vraiment de m’envoler et de me faire traîner vers la rivière. Je récupère rapidement mes affaires pour m’habiller, ainsi que les chaussures de ski, le couteau et un peu à manger que je glisse dans une poche. Si jamais une autre rafale emporte la tente avec les affaires quand je suis dehors, j’aurai de quoi rentrer en mode léger. J’arrive à la redresser, à extraire les arceaux arrières cassés nets à l’aide de mon couteau puis à tout recaler avec de très grosses pierres. Au lieu de 3 ou 4, j’en mets 5 ou 6 par attache. Puis je me recouche et je dors très mal, tendant l’oreille à chaque accélération du vent. Finalement la nuit est très calme, il aura suffit de 2 mn pour que survienne ce qui aurait pu être une catastrophe.

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Lundi 20/08

Le matin quand j’essaie de démonter la tente, je me rends compte que je n’arrive pas à bouger les pierres. Je les pense bloquées par le gel, elles sont tout simplement trop lourdes. J’ai dû avoir une sacrée décharge d’adrénaline quand je suis sorti remettre la tente en place. Je les bascule péniblement sur le côté en faisant attention de ne pas m’écraser une nouvelle fois le petit doigt.

Je reprends la route, et à la fin du premier portage, vers 12h30, Jorge est déjà là qui m’attend. Je suis très content car ça va être plus facile, d’autant qu’il y a du vent et que dans les éboulis il m’a fallu m’arrêter plusieurs fois et me tenir aux blocs de rochers pour ne pas me faire pousser par le vent dans le lac. J’appréhendais un peu le deuxième voyage avec pulka vide en remorque.

Au final il y a moins de vent et avec son aide c’est beaucoup plus facile car on répartit le poids. Ensuite on reprend tout pour retourner jusqu’au Puente Electrico: Jorge m’aide à tirer la pulka dans les côtes, car il n’y a plus de neige et je la fais glisser mi sur de l’herbe mi sur les rocailles.

L’arrivée à l’auberge est très chaleureux: un guiso et une bonne douche chaude me requinquent.

Malgré la fatigue j'ai eu du mal à m'endormir: le vent faisait bouger les parements métalliques, j'avais l'impression que quelqu'un ouvrait un portail toutes les 10 minutes et je me réveillé à chaque fois un peu stressé. Mais surtout je crois que c'était l'effet psychologique des dernières nuits plutôt éprouvantes. Je me souviens aussi d'un rêve confus de congères énormes autour de l'auberge...

Distance : 8 km / Dénivelé : - 200 m

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Mardi 21/0 - Le baby-blues

J'avais mis le réveil pour être à l'heure au petit-déjeuner. Heureusement car j'avais du mal à émerger, j'aurais pu dormir jusqu'à midi. J'ai commencé à ranger quelques trucs, puis je suis allé rendre le papier à la “Casa del Parque" (où travaille Jorge): je suis accueilli très chaleureusement par Sebastian qui me félicite et me raconte en riant qu’il a passé deux semaines à expliquer à des touristes incrédules qu’il y avait un français un peu fou qui se baladait sur la calotte glacière. Bulletin météo du vent à l’appui !

J'ai trouvé un banc au soleil pour manger. Il faisait bon, c'était très agréable d’être dehors sans se poser de questions sur la météo. J'ai mangé quelques clémentines et mon corps m'en a réclamé trois. Je crois que je suis en manque de vitamine C.

Après ces jours de solitude, je suis en pleine recherche sociale, et outre la fatigue, je crois avoir un petit contrecoup psychologique de l'expédition. Je ne veux pas rester seul à ne rien faire, mais je n'ai pas envie de faire grand-chose non plus. J’ai prévu de prendre une bière avec Jorge. Ca m’aide à faire passer le baby-blues !

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